De l’Académie (ESAVL)
à la Châtaigneraie 2020
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L. DRAMAH – Machination (p.21), 2017 – Encre de Chine – 21×29,7 cm
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Dans mes premières bandes dessinées, les personnages sont intentionnellement simples, par absence de notions anatomiques et d’espace, et parce que dessiner quelque chose de réaliste ne m’a jamais vraiment attiré. Concernant les décors, ils sont complètement imaginés, souvent mécanisés, industriels, instables dans la perspective, avec toujours un personnage qui ne sait pas ce qu’il fait là, qui est pris au dépourvu et se fait embobiner.
Lydie DRAMAH (1994) – Master spécialisé en arts plastiques, visuels et de l’espace : bande dessinée – Académie Royale des Beaux-Arts, E.S.A.V.L. / ULiège – Liège (2020).
J’ai toujours été attirée par la ligne et les textures. La ligne m’a retournée la première fois, quand j’ai découvert les dessins d’animaux de Picasso. Ça me fascinait de voir qu’on pouvait dessiner tout ce qu’on voulait avec simplement une ligne noire sur un fond blanc, en une seule fois. La ligne raconte ce qu’elle veut, se forme de manière infinie comme elle l’entend et est accessible. C’est cela qui me plaisait, faire quelque chose avec vraiment pas grand-chose.
Au départ, mon univers est graphiquement très texturé, les blancs n’apparaissaient que très rarement, et les scénarios surréalistes sont composés au fur et à mesure.
C’est à travers l’expérimentation de différents supports et techniques (gravure, dessin, écriture) que j’ai trouvé le vocabulaire de ma démarche et de mon univers actuel. Une réflexion s’est tissée sur la ligne, l’abstraction, l’emploi des mots.
Dans mes premières bandes dessinées, les personnages sont intentionnellement simples, par l’absence de notions anatomiques et d’espace, et parce que dessiner quelque chose de réaliste ne m’a jamais vraiment attirée.
Quant à mes décors, ils sont complètement imaginés, souvent mécanisés, industriels, instables dans la perspective, avec toujours un personnage qui ne sait pas ce qu’il fait là, qui est pris au dépourvu et se fait embobiner.
Au fil du temps, les surfaces pleines de textures se sont rétrécies pour ne tenir que dans de petites cases disparates, et le blanc, la poésie du vide, a commencé à apparaître. La tendance abstraite et la ligne qui devient insignifiante ne m’inspiraient pas au départ, mais ça ne me laissait pas indifférente pour autant, c’était complètement nouveau pour moi.
De plus, faire intervenir les mots avec leur poids et leur pouvoir émotionnel m’a ouvert une nouvelle porte. De là, j’ai pu épurer la narration, raconter autrement, en équilibrant le dessin et le texte, afin qu’ils se complètent. C’est en apprenant d’eux que j’ai créé des histoires plus terre-à-terre, inspirée de la vie réelle, chose que je n’osais même pas aborder avant. Lors de récits muets, le texte apparaît dans les coulisses des recherches pour ensuite structurer l’histoire.
En approfondissant ma pratique de la bande dessinée, c’est dans la recherche d’une séquentialité et d’une écriture graphique que j’ai pu trouver un terrain propice à la fois pour la ligne mais aussi pour la texture, chacune dûment dosée. C’est notamment dans mes recherches que j’ai développé une tendance à synthétiser, à lier, à connecter les éléments de décors et les personnages.
Alors que ça fait plus de quatre années que je dessine, ce n’est que dans mes derniers projets que je commence à trouver quelque chose qui m’appartient vraiment, graphiquement et scénaristiquement parlant. C’est fin 2019 que j’ai donc commencé à raconter et séquencer mes histoires comme elles le sont aujourd’hui. Des éléments non figuratifs apparaissent, se relient entre eux, communiquent avec des zones de matière, parfois même se chevauchent. C’est un réel terrain d’expérimentation.