
Du 17 mai au 13 juillet 2025
Vernissage le vendredi 16 mai 2025 à 18h30
La Châtaigneraie vous invite à découvrir le travail de deux photographes, Lola Reynaerts et Michel Beine. Deux photographes, deux générations, deux sensibilités qui, à sa manière, interroge et raconte les États-Unis. Leurs travaux se déploient comme deux récits parallèles, portés par une même envie : celle de partager une vision personnelle, sensible et singulière de l’Amérique du Nord. Entre instants suspendus et pulsions de vie, leurs images oscillent entre l’essentiel et le superflu. Elles reflètent, sans artifices, l’extraordinaire du quotidien. Une invitation à voir, à ressentir, à (re)découvrir un territoire à travers leurs yeux, à travers leurs choix. Un dialogue photographique, entre distance et intimité.
Lola REYNAERTS
Née à Seraing en 1992 (B), elle vit et travaille à Chicago, Illinois (US)
Formée à l’École supérieure des arts Saint-Luc à Liège, Lola Reynaerts obtient son diplôme en photographie avec distinction en 2015.
Dès ses études, son travail attire l’attention : une première commande lui est passée par une association œuvrant avec des femmes primo-arrivantes. Ce qui aboutira à l’exposition Femmes en États de Guerre, présentée dans le cadre d’un festival dont la marraine était Anne Sylvestre. Ce projet aura un écho auprès de plusieurs associations de défense des droits des femmes.
Depuis, elle développe une pratique photographique personnelle, souvent engagée, au sein de divers projets : A fait défection de la foi pour la Biennale de l’Image Possible de Liège, Des Gueules pour la Triennale de la photographie au Centre culturel d’Hasselt ou encore Remember aux Promenades Photographiques de Vendôme (FR).
Elle s’illustre également dans la photographie de concerts, remportant le premier et le troisième prix du concours du Skoda Jazz Festival. Ses clichés sont publiés dans plusieurs revues musicales en Belgique, en France et aux États-Unis. Cette passion l’amène également à participer à des projets de coaching comme Premières Scènes ou le Studio des Variétés Wallonie-Bruxelles en collaboration avec des coaches scéniques de Paris et de Bruxelles.
Parallèlement à sa pratique artistique, Lola Reynaerts anime des ateliers (notamment au Centre fermé de Fraipont en 2015) et poursuit des formations autour des phénomènes groupaux (CDGAI, Seraing, 2016) ou des techniques audiovisuelles (Gsara, Liège, 2018).
Son admiration pour l’œuvre photographique de William Eggleston ainsi que pour la musique des bluesmen du Sud des États-Unis font évoluer son regard. Cette double passion l’amène alors à mêler photographie et musique dans sa pratique artistique. Un moment marquant pour la jeune photographe : la rencontre avec Eggleston lui-même, chez lui à Memphis, où ils échangent longuement sur la photographie et la musique…en partageant quelques verres de whisky !
Aujourd’hui installée à Chicago, Lola Reynaerts continue de conjuguer ses deux passions. Son intérêt pour la musique lui ayant ouvert les portes de nombreuses salles de concert et de festivals, elle se perfectionne actuellement en tant que photographe de musique live.
Montrer le « doux présent du présent »
Dans ce travail, je n’ai pas cherché à rendre beau ce qui, aux yeux des habitants, ne l’est pas.
Ce qui ailleurs pourrait sembler hors du temps (des décors un peu fanés, figés, presque irréels), demeure ici, dans le sud, profondément contemporain. Les choses ont évolué, bien sûr mais à leur rythme.
Au fil de mes rencontres et au gré des témoignages recueillis, j’ai ressenti une volonté commune chez les gens que je découvrais : celle de dépasser l’Histoire, leur histoire. Pour certains, la musique les y aidait. Il ne s’agit pas pour autant d’une quête de l’oubli. Ce qui a été, a été. It is what it is.
Lorsque j’ai entamé ce voyage, mon regard était celui d’une Européenne. Je pensais et voyait les choses différemment. Mais petit à petit au gré des moments partagés avec des habitants ou des musiciens mon regard a changé. Ils m’ont alors accueillie comme l’une des leurs. J’ai été intégrée dans leur communauté et j’ai cessé d’être considérée comme « l’étrangère ». C’est à partir de ce moment-là que les portes se sont ouvertes, que les barrières se sont levées et que j’ai pu capturer dans mes clichés une part intime de leur histoire.
Ce travail n’a pas pour but de dénoncer ou de souligner certaines fêlures mais bien de trouver de la beauté dans le quotidien, dans la banalité. Ce projet m’a permis de m’imprégner d’une culture qui n’est pas la mienne afin d’en livrer une vision artistique et sensible.
Afin de concrétiser cette approche, j’ai choisi d’allier deux techniques photographiques : le moyen format, pour son côté plus poétique et le numérique pour son ancrage dans la réalité et sa frontalité face aux sujets. Deux écritures complémentaires pour restituer un équilibre fragile entre réalité et impression.
Une manière de fixer, humblement, « le doux présent du présent ».
Michel BEINE
Michel Beine, né à Bruxelles en 1967, diplômé en photographie de l’institut Saint-Luc à Liège où il enseigne aujourd’hui la photographie en cours du soir.
Serait-il juste et utile, si l’on voulait synthétiser la trajectoire photographique de Michel Beine au fil de trois étapes essentielles, d’estimer que Cuba aura constitué pour lui une expérience d’imprégnation ? Le Maroc, une déambulation littéraire et raffinée ? Et l’Amérique, un voyage dans le temps en même temps qu’une initiation photographique, au long d’un chemin rétrospectif ?
Michel Beine s’inscrit dans la photographie documentaire proche d’un Walker Evans. Distance médiane, affect moyen, détails infimes, intelligences des choses logées davantage dans la sensation que dans le sentimentalisme, et jusqu’aux odeurs intimes du cuir passé ou de la terre brûlée par le soleil.
Témoignage discret d’un photographe au ton juste, qui tente de rester en marge de cette époque, où l’on tend à balancer aux oubliettes la matière tangible et insolite des jours passés pour mieux se projeter dans l’illusion du lendemain, les horizons chimériques, l’ivresse de la vitesse, les effets de l’emphase.
Emmanuel d’Autreppe
In the mood for vibe
Cinq films comme autant de balises dans ma pratique photographique : Point Blank de John Boorman (1967), Zabriskie Point de Michelangelo Antonioni (1970), The Killing of a Chinese Bookie de John Cassavetes (1977), Paris, Texas de Wim Wenders (1984), Stranger Than Paradise de Jim Jarmusch (1984). Chacun m’a laissé une empreinte singulière : les décors et les couleurs du premier, la puissance évocatrice des paysages et de la musique du second, l’improvisation des acteurs chez Cassavetes, la narration linéaire chez Wenders, et enfin, l’absurdité chez Jarmusch.
Quant à l’impact de la littérature américaine sur mon travail, la liste serait interminable ! Deux noms, pourtant, se détachent : John Fante et Charles Bukowski. Tous deux pour cette manière de raconter le réel avec un humour. Ils ont, à leur manière, nourri mon regard sur l’Amérique.
Je suis né en 1967…déjà presque la fin du rêve américain… Néanmoins, j’ai été très tôt bercé, « biberonné », par les séries télés venues des États-Unis (Colombo, restant ma préférée !).
C’est dans ses souvenirs cathodiques que j’ai puisé les racines de ma démarche photographique. Un travail en couleur, réalisé au Polaroïd, dans un style faussement documentaire, totalement subjectif. Vision frontale, cadrages serrés, lumière aveuglante, flous légers, teintes délavées, comme autant de signes d’un monde en train de s’effacer. Motels surannés, enseignes de fast-food, stations-services hors d’âge, vieilles carrosseries oubliées, caravanes Airstream, typographies passées… J’ai ainsi créé mon bestiaire vernaculaire du rêve américain, collecté au fil des kilomètres.
Les clichés sélectionnés pour cette exposition emportent le visiteur dans un voyage à travers la Californie, le Nevada, l’Utah, l’Arizona, le Nouveau-Mexique et le Texas. Autant d’images d’une Amérique fantasmée, d’une Amérique décalée mais souvent mélancolique. Une Amérique que l’on croit connaître, mais qui ne cesse de nous échapper.
Informations pratiques :
> Lieux
Centre wallon d’art contemporain – La Châtaigneraie
Chaussée de Ramioul, 19 – 4400 Flémalle
> Contact
chataigneraie@cwac.be
04 275 33 30
> Sites internet www.cwac.be
> Dates
Vernissage le vendredi 16 mai 2025 à 18h30.
Du 17.05 > 13.07.2025
> Horaires
Exposition accessible du mercredi au dimanche, de 14h à 18h ou sur rendez-vous.
Fermée lundi, mardi et jours fériés
> Tarif
Entrée libre