De l’Académie (ESAVL)
à la Châtaigneraie 2020
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N. Webert-Simon – Continuum, 2020 – Installation vidéo – 3’16’’ en boucle
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Nell Werbert-Simon entretient un lien particulier à la nature, l’humain, les lieux, le vide et, plus encore, à l’image qu’elle questionne sans cesse, notamment au travers du réel. Pour elle, il y a toujours dans ce qu’on voit une part de caché, d’imperceptible et c’est cette quête du surgissement qu’elle recherche lorsqu’elle filme.
Nell Webert-Simon découvre Droixhe en 2017 à la suite d’une marche collective organisée par Dominique Castronovo. Fin 2018, elle participe au workshop BEING [NOT] THERE, Regards croisés sur l’œuvre de Rob Rombout. À cette occasion, elle réalise une œuvre collective autour des habitants de Droixhe, plus précisément de la Tour Atlas. C’est à partir de ce moment-là que ce quartier a commencé à fortement l’intéresser. Elle voulait pénétrer le quotidien de ce lieu qui lui était alors totalement inconnu. Au départ, une envie, celle de filmer les gens qui vivent dans les tours. Elle désirait poser un regard sur ces derniers dans leurs gestes les plus simples, les plus quotidiens. En effet, il y a, selon elle, une beauté indescriptible dans le banal, dans le rien ou presque-rien : manger, nourrir son enfant, regarder par la fenêtre. Autant de petits gestes qui construisent une vie entière. Et quelle vie y a-t-il dans l’immense tour qui surplombe Droixhe ? Que nous racontent ces gestes ? Comment vivent les habitants de la Tour Atlas ? Quel est leur quotidien ? Plus tard, elle pratique la marche à Droixhe, afin d’aborder, de l’extérieur, ce quartier dans ses détails, ses fêlures, ses matériaux et ses déchets. Il ne s’agissait pas d’intervenir sur le lieu mais de le laisser être et devenir. Une manière, une nouvelle fois, de poser un regard sur les choses, sans pour autant vouloir les modifier. Filmer Droixhe, c’est donc une manière pour elle de montrer ce qui n’est initialement pas vu ou pas perçu. C’est une façon de ramasser, recueillir le banal, le caché. C’est lancer un défi : celui du désir de voir.
Nell WEBERT-SIMON (1996) – Master approfondi en arts plastiques, visuels et de l’espace : vidéographie – Académie Royale des Beaux-Arts, E.S.A.V.L. / ULiège
Mon travail est une recherche, une réflexion sur notre rapport au monde, à travers le quotidien, l’intime et les espaces que nous habitons. Parmi mes préoccupations artistiques, je m’intéresse tout particulièrement à la question de l’image.
Pour moi, l’image est une prise sur le réel. En filmant, je désire prendre les images du monde, sans toutefois l’affecter. C’est ainsi que, systématiquement, je laisse le temps s’écouler dans un plan. En faisant cela, je souhaite montrer ce qui n’est pas vu initialement ou, du moins, pas perçu. J’attends que du réel, surgisse un instant, une image.
La pratique de la marche a eu une importance considérable sur mon travail. Cela a créé des rencontres, des événements. En retournant de manière récurrente sur le même lieu, j’ai pu, à travers ma caméra, le voir changer, évoluer.
Parallèlement, j’ai également réalisé un long travail de recherche, notamment dans le cadre du Master à finalité approfondie. à travers l’installation, j’espère pouvoir instaurer une atmosphère intimiste, afin que le spectateur plonge dans le quotidien des gens que je filme. Mon but étant, avant tout, de donner à voir.